7 Février 2014
Le 26 décembre, je quitte Cuzco pour me diriger vers l'Amazonie. Il me faudra 32 heures de bus, en passant par Abancay, Ayacucho et Huancayo, pour rejoindre Pucallpa.
Ici commence l'Amazonie, la chaleur est écrasante et le bruit de la ville insupportable avec le nombre impressionnant de motos-taxis sillonnant les rues. J'arrive à Pucallpa le 30 décembre. J'y passe deux nuits, le temps d'attendre qu'un bateau parte pour Iquitos.
A cause de la chaleur qui immobilise, je ne fais pas grand chose à Pucallpa, à part un petit tour de la ville et une visite de la laguna Yarinacocha à vingt minutes de là.
Pucallpa est notamment peuplée des indiens natifs "Shipibos", c'est la communauté la plus importante de cette région.
Les Shipibos, unis par un lien quasi surnaturel avec la nature participent également à la reforestation de la forêt Amazonienne et à la production de plantes médicinales de la jungle. Ils ont ainsi enregistré plus de 2300 espèces dont au moins 600 avec des propretés curatives reconnues.
Ils sont très réputés pour leur dessins géométriques caractéristiques, qui auraient des pouvoirs d'enchantement et de protection.
Je passe le 31 décembre très calmement, je vais manger dans un petit restau près de l'hôtel et retourne tôt dans ma chambre. Et oui car ici il y a peu de "gringos" et impossible pour moi de sortir seule la nuit, car je suis l'objet de tous les regards, sifflets, propositions indécentes... J'écoute depuis ma chambre les bruits des millions de pétards et feux d'artifice qui explosent à tous les coins de rue pendant la nuit entière.
Le lendemain, premier jour de cette nouvelle année, je vais au port car on m'avait dit deux jours plus tôt que le bateau partirait ce jour-là. Je m'installe dans ma minuscule cabine pleine de toiles d'araignées. J'apprends un peu plus tard que nous ne partirons que le lendemain matin.
Enfin le départ tant attendu, nous suivons le rio Ucayali jusqu'à Nauta où commence l'Amazone (là où se rejoignent le rio Ucayali et le rio Marañon).
Les journées sont assez monotones, rythmées par la sonnerie indiquant l'heure des repas. Au signal, tout le monde se précipite à la cuisine avec sa boîte en plastique pour faire la queue et attendre qu'on remplisse le récipient de poulet, riz et yuca.
Je me lie d'amitié avec la fille de la cuisinière, du coup j'ai le droit à une boisson gratuite à chaque repas ! Les autres me regardent d'un œil étonné et envieux.
Je m'étais mise à confectionner des bracelets à Cuzco et je voyage avec un sac d'une dizaine de bobines de fils de toutes les couleurs, je deviens alors la prof officielle sur le bateau. Je me retrouve entourée tous les jours d'une ribambelle de gamins péruviens qui veulent apprendre et bien sûr repartir avec leur création. Et oui ce n'est plus ce que c'était l'Amérique du sud... c'est une française qui leur apprend à faire des bracelets brésiliens...
Je rencontre aussi un professeur d'économie colombien à la retraite. Il enseignait à l'université libre de Bogotá. Nous passons du temps à parler de l'économie européenne, à regarder des conférences sur Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Marguerite Yourcenar. Il a tout ça dans son ordinateur, un passionné de culture française !
Je passe mes 35 ans sur le bateau, l'équipage me souhaite mon anniversaire, m'offre un café et met la musique à fond pour l'occasion.
Nous arrivons à Iquitos le 5 janvier 2014 à 23h30.
Je passe ma dernière nuit sur le bateau au port car tous me préviennent que la ville n'est pas sûre pour une gringa seule à cette heure tardive.